Mon amour de galga... 2

J’ai choisi d’adopter un galgo, lévrier espagnol, parce que je connais le caractère des lévriers. En Afrique, j'avais déjà eu deux azawakh. Originaire du Sahel (Mali, Niger et Burkina Faso), on l’appelle aussi lévrier touareg, sloughi touareg ou lévrier du Sud saharien. Les nomades du sud du Sahara l’utilise depuis des siècles pour garder les troupeaux et protéger les villages et les campements. Vif et résistant, on l’emploie aussi pour la chasse à l’antilope. Ce grand lévrier à l’allure élégante est aussi un chien d'apparat et un animal de compagnie très prisé.

Mon premier azawakh, Aswad ("Noir" en arabe, les 4 photos du haut, 1986, ...), m’a été offert par des Touaregs, dans les années 80, alors que je me trouvais au Mali en reportage pour le « Paris Dakar-Paris du Cœur ». Vivant alors dans un studio à Paris, j’ai voulu le refuser, car je ne savais quoi en faire une fois de retour en France. On m’a alors expliqué qu’un tel cadeau était une marque de respect et de distinction et ne se refusait pas. Je ne pouvais qu’accepter ce chiot efflanqué de 6 mois, couleur sable au museau noir et si dépaysé en ville. Bon compagnon, Aswad m’a suivie sur ses longues pattes, avec sa queue retroussée, dans mes pérégrinations en 4X4 au Mali, au Niger, puis sur le Dakar/Niger, le train qui relie Bamako à Dakar en 3 jours sur 1 287 km.

L’azawakh est le chien d’un seul maitre sans lequel il ne peut vivre et la maison constitue son territoire. Au Nord Mali, ces chiens sont vénérés, et on m’a imposé de lui donner sa ration quotidienne du lait (par la même occasion, pour ne pas culpabiliser, j’en offrais à tous les enfants de la famille qui m’accueillait). Doux et sensible, hautain, distant, avec les étrangers, Aswad recherchait peu les caresses, mais me suivait comme mon ombre. Une fois à Dakar, il ne supportait pas que je m’absente et pleurait toute la journée jusqu’à mon retour. On m’a même dit qu’il lui arrivait de hurler à la mort! Au moment de rentrer à Paris, j’ai donc préféré m’en séparer et le confier à quelqu’un qui lui offrirait une présence constante.

En 1995,   alors que j’étais en poste à Bamako, un collègue malien m’a rapporté de Ménaka, (alors connu surtout pour ses lévriers), à ma demande, mon deuxième azawakh. Aswad 2 (1995/1998, les 4 photos du bas), arrivé du Nord Mali à six mois, fier et orgueilleux, partageait le jardin et la chasse aux lézards avec Jupiter, le croisé robuste et taquin de ma fille. Très vexé d’être grondé quand il s’oubliait, au point de se cacher dans les buissons, Aswad 2, museau noir avec une trace de blanc, est très vite devenu propre. Comme le premier du nom, il n’octroyait ses faveurs qu’à moi seule, à ma fille et à un de mes amis, se tenant debout sur les pattes arrière, les pattes avant posées sur ma poitrine, me fixant de son doux regard brun. Les rares fois où, avec Jupiter, Aswad 2 entrait dans la maison, c’était pour «regarder la télé » (manger des cacahuètes plutôt), tous les deux couchés à nos pieds. Surprise, ce chien, qui errait dans les rues de Menaka avant de vivre dans ma famille, aimait la musique, et pas n’importe laquelle : le Stabat Mater de Pergolèse!!! Le sieur chien posait ses pattes sur l’accoudoir de mon fauteuil à bascule, et hurlait à la mort dès que le chant commençait !!! Il ne « chantait » pas très longtemps, mais toujours, chaque fois, Aswad 2 poussait sa vocalise au même moment  : après l’introduction instrumentale…

Le gros problème d’Aswad 2, c’était qu’il ne supportait pas que je m’absente : or je partais parfois en mission, ou en vacances. Pendant mes premiers congés, où il est resté un mois à la maison avec Jupiter et le gardien, il a refusé de s’alimenter. Et j’ai retrouvé un chien devenu « fou ». Si la dépression existe chez le chien, on dirait que le stress et l’anxiété causés par notre absence prolongée, premier grand changement dans ses habitudes (Jupiter, lui, avait l’habitude de nous voir partir et revenir) l’avait profondément déstabilisé. Il restait seul dans son coin, ne jouait plus et mangeait à peine. Il ne cherchait plus le contact avec moi et ma fille, ni avec Jupiter. Quand on ne les connait pas, les lévriers, donnent souvent l’impression d’être tristes (c’est le cas de Dolores). Mais un jour, Aswad 2 a arrêté de marcher (comme s’il avait la maladie de carré. Le vétérinaire, qui passait chaque semaine voir « les animaux de la ferme » - 2 chiens, un mouton, une poule - a avoué ne pas savoir ce qu’il avait). Il se déshydratait et il a fallu lui faire des piqures sous-cutanées de sérum physiologique. Et puis, un soir, quand ma fille, revenant de vacances, est descendue de voiture, il s’est levé et a marché, ce qu’il n’avait pas fait depuis des jours. Aswad 2, déjà naturellement hautain et timide, n’a plus jamais été le même. C’est ainsi que j’ai fini par perdre Aswad, 2e du nom, le chanteur, celui qui se tenait debout pour me regarder dans les yeux….

Voilà pourquoi j’ai souhaité adopter Dolores, parce que j’aime l’air triste et hautain des lévriers. C’est ma fille, folle de dogues allemands, qui m’a fait connaitre la condition des galgos en Espagne et m’a recommandé les sites internet des refuges qui récupèrent ces malheureux chiens et les proposent à l’adoption. « Maman, m’a-t-elle dit, si tu veux un chien, n’achète pas, adopte ». Je vous raconterai prochainement comment j’ai adopté la belle espagnole.


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