La canicule actuelle, un phénomène inédit ?

Les canicules ont toujours existé

  • Même si le réchauffement climatique global est une réalité, l'actualité d'un été chaud et de grande sécheresse en France est un événement qui n'a pas du tout manqué dans l'histoire de notre pays. Rien que depuis 1900, on compte environ 35 canicules jusqu'à présent. 

Les canicules, ça a toujours existé ; n'en déplaise à certains prêcheurs d'apocalypse qui affirment et répètent dans l'actualité que c'est « inédit, jamais vu, et sans précédent dans l'histoire », au moyen d'un discours futuriste menaçant, moralisateur, infantilisant et culpabilisateur. Il faut parler du climat, donner des explications saines, mais on n'est pas obligé de subir toujours un ton apocalyptique. On peut informer véritablement sans devoir faire du sensationnalisme ni d'hyperbole rhétorique. 


De la science à la psychose

Qu'est-ce que l'écologie, à la base ? L'écologie est une science qui étudie les relations des êtres vivants autant entre eux qu'avec leur environnement ; elle cherche aussi à comprendre le fonctionnement des écosystèmes. Mais l'écologisme idéologique politisé qui utilise la peur comme une arme, ce n'est pas de la science.

Un vent de folie catastrophiste souffle dans les médias. L'urgence environnementale est un véritable sujet de préoccupation (climat, pollution, déclin très inquiétant des abeilles, etc), mais l'écologisme eschatologique alimente les peurs en oscillant entre un survivalisme paranoïaque et l'angoisse d'un effondrement immédiat de la civilisation actuelle, comme une résurgence de culte millénariste où les peurs viennent paralyser le recul critique des croyants… Un schéma qui est structuré autour de la séduction ou de la peur, mais pas sur une véritable pédagogie scientifique transparente et rationnelle. Il faut s'inquiéter d'un écologisme idéologique qui prend de plus en plus une allure autoritaire sous couvert de la science, et qui n'hésite cependant pas à diaboliser la science quand elle ne correspond pas à leurs desseins. L'écologisme se radicalise : il existe diverses mouvances extrêmes, dont par exemple le néo-luddisme qui est une mouvance activiste ouvertement technophobe, c'est-à-dire manifestant violemment son opposition à tout progrès technique et se concrétisant par le parasitage ou la destruction d'équipements, ou encore des actions de terrain visant à empêcher la construction de grandes infrastructures. Abolition du progrès, abolition de la raison, voire abolition de la science. Un nouvel obscurantisme. 


Quelques canicules historiques

Faisons place à l'information. Voici la liste incomplète des canicules qui ont existé en France depuis l'an 1000. Ici sont mentionnées les canicules historiques les plus notables.


  • Année 1168 : assèchement de la rivière Sarthe.
  • Année 1351 : le prix du froment a triplé à cause de sa rareté due à une canicule.
  • Période 1331-1334 : canicules pendant quatre étés consécutifs.
  • Période 1383-1385 : trois étés caniculaires consécutifs.
  • Période 1500-1550 : période particulièrement douce, où l'on peut parler d'un petit âge du réchauffement : en été, les glaciers reculent beaucoup, la neige fond en altitude.
  • Année 1540 : été caniculaire avec forte sécheresse.
  • Dès 1560 : entrée dans une autre période climatique, dite du «petit âge glaciaire». Les étés caniculaires se raréfient, excepté cependant encore, par exemple l'été 1636, où les témoins évoquaient «un effroyable harassement de chaleur» pendant plusieurs semaines à Paris. Près de 500 000 morts à cause de la chaleur lors de cet été 1636…
  • Année 1705 : été caniculaire, cette canicule sera suivie par deux autres étés extrêmement chauds, leur bilan humain total est évalué entre 200 000 et 500 000 victimes, une nouvelle fois causées par les infections de l’eau.
  • Période 1718-1719 : 700 000 morts lors des étés caniculaires de 1718 et 1719, avec même l'apparition de nuées de sauterelles et une forme de climat saharien sur l'Île-de-France. Les bébés en sont surtout les victimes, et les vieux dans une proportion moindre.
  • Les années 1747 et 1779 font chacune près de 200 000 morts.
  • Période 1787-1789 : fortes pluies à l'automne, la grêle au printemps 1788 puis un été suivant caniculaire. Ce fut explosif : échaudage des terres agricoles, disette, cherté du grain. C'est à ce moment que la chaleur a mis les gens dans la rue, et n'a plus été acceptée comme une fatalité.
  • Année 1911 : pendant 3 longs mois, une vague de chaleur mortelle frappe la France et l'Europe. 40 000 français en sont morts, dont 29 000 enfants.
  • Année 1922 : une vague de chaleur insupportable et meurtrière frappe la France, la fin de cette « étuve » étouffante fut suivie de violents orages qui ont causé d'importants dégâts du Sud-Ouest de la France jusqu'à Paris. Croyez-vous que la canicule de juin 2019 est précoce et ne s'est jamais produite aussi tôt ? N'écoutons pas les prêcheurs alarmistes qui ne connaissent même pas l'histoire du climat ou qui nient la variabilité des saisons, sachez que la canicule de 1922 eut lieu précocement entre le 20 mai et le 31 mai 1922, au printemps…
  • Année 1947 : températures anormalement élevées dès le printemps, et en juin ça s'aggrave, trois vagues de canicules s'imposent avant de laisser place à des orages qui firent d'importants dégâts.
  • Année 1976 : ce fameux été 1976 connut une sécheresse historique, les agriculteurs furent les plus accablés. La mortalité sur les 20 départements les plus touchés augmenta de presque 10 %.
  • Année 1983 : vague de chaleur intense, bilan de 4700 morts. D'ailleurs, c'est cette année-là que sortit au cinéma le film français «L'été meurtrier»
  • Année 2003 : l'été 2003 connut une canicule terrible qui marque encore les esprits. Plus de 19 000 français avaient perdu la vie.
  • Année 2006 : intense vague de chaleur estivale, bilan de 2000 morts.



Citations

  • « La culture de la peur a toujours constitué l’instrument favori des dictatures : les démocraties ne peuvent qu’en faire un usage limité sous peine de se détruire. »   Le Fanatisme de l'apocalypse, Pascal Bruckner, éd. Grasset, 2011 (ISBN 2-24673-641-2), p. 47
  • « Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir… »    Marcel Proust, Du côté de chez Swann.
  • « Les écologistes [...] se soucient plus de nos méfaits éventuels que des injustices présentes. Sous l’ingéniosité de la prophétie se cachent les grosses ficelles de la propagande : détourner l’attention des misères d'aujourd'hui. »   Le Fanatisme de l'apocalypse, Pascal Bruckner, éd. Grasset, 2011 (ISBN 2-24673-641-2), p. 93

  • « C’est la négation de la liberté humaine et la volonté d’imposer au peuple les mesures nécessaires à son bonheur. L’écologie est la nouvelle maladie infantile du communisme. Ses principaux animateurs sont passés du rouge au vert. Ils ont été repeints, mais ils défendent toujours la même vision du monde : l’individu ne sait pas ce qui est bon pour lui, c’est à la société de le lui apprendre. »   Christian Gerondeau, 30/07/2014



© 2019  Philip Tchelovek


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Philip Tchelovek

Blogueur scientifique. Présent sur Skõp depuis le 19/03/2016. Articles sous copyright, mais vous pouvez partager les URL librement.

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