Des sacs "biodégradables" faussement écologiques

Des sacs biodégradables a priori

Il existe des sacs biodégradables en plastique fabriqués à partir d’amidon de maïs Déclarés comme biodégradables à 100% et compostables à 100% par une décomposition physique sans risque toxique pour l’environnement, paraît-il…

J'ai examiné un de ces sacs : ça brille comme du plastique ordinaire, et quand on étire le sac, c’est souple comme du plastique sans se déchirer.

Alors, polyéthylène ou amidon ?

Devant le doute sur la nature intrinsèque de cette matière, il existe différentes façons de détecter la présence d’amidon et de cellulose, ou la présence de polyéthylène.

Des tests chimiques à réaliser :

  • On chauffe de l’eau jusqu'à ce que la température soit entre 80 et 100°C. Si le sac se ramollit et fond dans l’eau chaude, alors c’est un matériau thermoplastique (donc un polymère comme le polyéthylène). L'amidon, lui, se dissout partiellement dans l'eau (50 g/L à 90°C).
  • On immerge le sac dans du suc gastrique qui est très acide, en présence d’enzymes. Le suc gastrique doit être préalablement exempt de sucres. On attend quelques heures, puis on prélève du suc gastrique et on fait le test de la réaction de Fehling et si le test révèle la présence de sucres, alors le sac contient de la cellulose ou de l’amidon. Mais si le sac est un polymère plastique issu du pétrole, le test reste négatif.
  • On met un morceau du sac dans la liqueur de Schweitzer et si le sac y est dissout, alors il contient de la cellulose ou de l’amidon, sinon c’est du plastique ordinaire. Lorsque le sac se compose à la fois d'amidon et de plastique, la dissolution complète de l'amidon ou de la cellulose laisse un précipité composé de plastique.
  • Autre test, le plus compliqué à mettre en œuvre : l’analyse chimique quantitative par mesure des gaz issus de la combustion du sac. On consume une masse connue du sac (combustion totale) puis on récupère les gaz (toujours du CO2 et de la vapeur d'eau). Selon les volumes respectifs du dioxyde de carbone et de la vapeur d’eau, on peut reconstituer par calcul la formule brute de la molécule organique générale du sac, et on peut ainsi distinguer le polyéthylène de la cellulose. Pour information, la cellulose et l’amidon sont des polymères naturels du D-glucose. Informations quantitatives : la combustion complète du polyéthylène produit un volume de vapeur d’eau pour 2 volumes de CO2, c’est-à-dire que pour 18 grammes d’eau produite il y a 88 grammes de CO2 dégagé lors de cette combustion ; et la combustion complète de l’amidon ou de la cellulose donne des proportions gazeuses différentes : il se produit des volumes gazeux équivalents (1 volume de vapeur d’eau pour 1 volume de CO2), soit pour 18 grammes d’eau produite il se dégage 44 grammes de CO2. Mais si le sac contenait à la fois du polyéthylène et de l’amidon, on obtiendrait des proportions gazeuses intermédiaires. Le mieux serait que vous fassiez l'analyse chimique vous-mêmes. Pour conclure : il y a de l'amidon et du plastique classique, les deux matériaux sont utilisés, ce n'est donc pas entièrement de l'amidon.


Quand l'écologie est galvaudée

Les sacs en plastique "biodégradables" n'ont pas les vertus environnementales que le marketing leur prête. Le plastique prétendument "écologique" se révèle beaucoup plus nocif que prévu.

  • On peut même lire dans Skõp un article concernant des projets prétendument écologiques mais qui ont échoué, notamment le paragraphe intéressant à propos des sacs biodégradables en plastique.
  • En résumé : les sacs plastiques dits "bio-dégradables" devaient se détériorer en quelques mois au lieu de dizaines d'années, mais ces plastiques n'apportent pas de solution satisfaisante face aux problèmes chroniques de pollution. Dans la nature, ces sacs se fractionnent en une myriade de particules microscopiques qui s'incrustent dans le sol et les eaux en quelques mois, rendant ainsi tout ramassage impossible. Ces fragments microscopiques de plastique se retrouvent alors dans le sol, dans l'eau et dans l'air, et peuvent constituer un danger irréversible et grave pour la faune qui ingère ces substrats nocifs (étouffement pulmonaire ou empoisonnement interne). Le pire, vous le comprendrez trop tard, c'est que ces micro-plastiques libérés dans l'environnement existent toujours, bien qu'ils soient devenus invisibles à l’œil nu, et finissent tôt ou tard à se retrouver dans le repas de nos assiettes...


Le plastique "biodégradable" peut être détruit, en théorie,  par des microorganismes dans l'eau ou le dioxyde de carbone. Mais le plastique biodégradable n'est pas forcément produit à partir de biomasse (comme les plantes), car il existe plusieurs types de plastique "biodégradables" qui sont fabriqués à partir de pétrole, tout comme le plastique ordinaire. Les plastiques oxo-dégradables ne présentent notamment aucun intérêt écologique.

Ces plastiques improprement dénommés "biodégradables" ne sont pas recyclables selon les moyens traditionnels, et ne sont pas non plus compostables car les fragments dénaturent le compost et le rendent inutilisable. Les additifs contenus dans ces plastiques corrompent aussi le produit si celui-ci était recyclé.

Déconseillés dans le recyclage, on ne peut qu'incinérer ou enfouir ces plastiques... comme les sacs plastiques traditionnels. La supercherie des plastiques "bio" ou "écolo" ont conduit à une impasse.




© 2016 Philip Tchelovek

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Philip Tchelovek

Blogueur scientifique. Présent sur Skõp depuis le 19/03/2016. Articles sous copyright, mais vous pouvez partager les URL librement.

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