L'eau en bouteille est-elle meilleure que l'eau du robinet ?

Ce début de semaine a été marqué par une délibération judiciaire entre les sociétés Cristaline et Eaux de Paris. Cette dernière a gagné le procès intenté contre l'embouteilleur pour des publicités jugées mensongères. Pour bien comprendre, il faut remonter à la campagne de réclames réalisées pour l'embouteilleur d'eau de source Cristaline diffusée en 2007.

On pouvait y voir entre autres la photo d'un WC barré d'une croix rouge et assortit de la phrase : "Je ne bois pas l'eau que j'utilise". Ou encore d'un robinet avec trois flèches rouges pointées vers l'eau qui coulait en indiquant "nitrates, plomb, chlore".

Eau en bouteille et perturbateurs endocriniens

Autant dire que les régies de l'eau n'ont pas apprécié la communication de Cristaline, surtout qu'en 2013, une étude de 60 Millions de consommateurs décelait des traces de médicaments, de pesticides et de perturbateurs endocriniens dans l'eau de plusieurs embouteilleurs. Le chiffre exact approchait les 20% des échantillons testés.

A l'époque, l'étude avait fait grand bruit, pourtant de l'aveux même du magazine, les taux relevés, pour décelables qu'ils soient, étaient trop faibles pour présenter un danger. Le but de 60 Millions de consommateurs était plutôt de prouver que certains polluants pouvaient de fait se retrouver dans de l'eau de source.

Pourtant l'eau en bouteille n'est pas exempt de reproche puisqu'elle est en contact avec du plastique, dont on sait qu'il contient de nombreux perturbateurs endocriniens à même de provoquer un "effet cocktail" potentiellement plus nocif qu'un PE absorbé seul. Ces éléments toxiques que la journaliste spécialisée Marine Jobert vous détaillait il y a peu pour le site Environnement et Energie sont libérés au fur et à mesure du vieillissement d'un plastique.

L'eau du robinet plus ou moins polluée selon les régions

La même étude de 60 Millions de consommateurs (décidément) s'intéressait également à l'eau du robinet et révélait que sur 10 prélèvements réalisés, huit d'entres-eux contenaient entre un et quatre polluants, principalement des pesticides, mais aussi des résidus de médicaments.

On sait aussi que l'eau du robinet peut subir de nombreuses contaminations qui n'empêchent pas forcément sa distribution. Ainsi pas moins de 419 communes françaises ont demandé et obtenu des dérogations sur la qualité de leur eau en 2012.

Difficile de trancher ce débat en faveur de l'eau embouteillée ou du robinet car la qualité de l'eau varie beaucoup d'une région à une autre. De plus, de nombreuses marques d'eau en bouteille, qu'elles soient de source ou non semblent touchées par des (faibles) contaminations, et leur plastique outre le fait qu'il peut polluer l'environnement durant près de 300 ans, libère des perturbateurs endocriniens dans l'eau qu'il contient.

Michaux Jérémi

J Michaux

Journaliste spécialisé environnement

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