5 projets prétendument écologiques qui ont échoué

L'ex-surgénérateur nucléaire Superphénix de Creys-Malville, en bordure du Rhône (DR)


Superphénix le réacteur qui devait recycler les déchets nucléaires

Le défunt surgénérateur français Superphénix est l'un des plus beau exemple d'une fausse bonne idée que ses artisans ont voulu draper dans un voile de greenwashing pour mieux faire accepter son coût faramineux de 12 milliards d'euros selon la Cour des comptes. Ce devait pourtant être à son lancement en 1985 le fleuron de l'industrie nucléaire française. Il devait être capable de recycler les déchets radioactifs des centrales nucléaires classiques, et de les réutiliser afin de produire de l'électricité, d'où son nom de Superphénix, l'oiseau qui renaît de ses cendres.

Il a été arrêté en 1996 sans avoir jamais réalisé cette promesse d'une industrie nucléaire qui ne produirait plus de déchets. L'achèvement de son démantèlement sur le site de Creys-Malville est prévu pour 2027 et devrait coûter plus de 3 milliards d'euros. Les plus anciens se souviennent que l'opposition au projet avait été l'une des plus fortes du mouvement antinucléaire français, puisqu'il avait conduit à la mort d'un manifestant en 1977.

L'introduction du chat aux Kerguelen pour chasser les souris

L'introduction volontaire d'une espèce à des fins écologiques dans une région donnée est un phénomène qui peut s'avérer risqué. Les habitants des îles Kerguelen l'ont appris à leurs dépends, eux qui ont introduit le chat en 1950 pour endiguer la prolifération des souris qui étaient elles-mêmes arrivées dans les calles des navires du XIXe siècle. Au début tout se passait comme prévu puisque les chats chassaient leurs proies naturelles, faisant rapidement diminuer la population des rongeurs.

Malheureusement, cela n'a pas duré puisqu'une espèce d'oiseau locale, les pétrels, était plus faciles à chasser que les rats. Elles ont donc eu la faveur des chats, devenus sauvages, qui se multipliaient alors que le nombre d'oiseaux diminuaient dramatiquement. Afin de préserver les pétrels emblématiques de l'archipel, les autorités locales ont dû se résoudre à organiser des battus dans les années 1970 pour réduire le nombre des chats et ainsi sauver les oiseaux qui avaient déjà disparu de plusieurs îles de l'archipel.


Des sacs biodégradables... en plastique

On avait enfin trouvé la solution pour remplacer les tant décriés sacs plastiques jetables qui polluent l'environnement et les océans. En effet, les sacs plastiques "bio-dégradables" devaient se détériorer en quelques mois, au lieu de dizaines d'années. Du côté des commerçants, ces sacs devaient leur permettre d'améliorer leur image, et leur éviter une interdiction (maintes fois repoussées) de distribution aux caisses. Pourtant, il semblerait qu'ils provoquent autant de maux qu'ils ne résolvent de problèmes.

En effet, la majorité des sacs dit "biodégradables" ne l'était pas réellement comme l'ont démontré plusieurs reportages sur la filière. Une fois en décharge, ou pire dans la nature, ces sacs qui ont depuis reçu le terme plus approprié d "oxo-dégradable", commencent à se fractionner en millions de particules microscopiques qui s'infiltrent dans le sol et se mélangent à l'eau. Or, ces sacs oxo-dégradables sont principalement fabriqués à partir de... matières plastiques, auxquelles il est parfois ajouté des composants naturels comme de l'amidon de maïs.

Une fois dans la nature, les sacs plastiques oxo-dégradables se fractionnent en quelques mois, rendant ainsi impossible un éventuel ramassage. Tous les dérivés du pétrole se retrouvent alors dans le sol, dans l'eau ou dans l'air, sous forme de particules microscopiques. Enfin, ces sachets fabriqués à partir de pétrole ont contribué à jeter le discrédit sur la filière des sacs biodégradables, comme ceux "constitués à 100% à base d'algue" de la société française Algopack. Attention donc de ne pas mettre tout le monde dans le même sac !


Des lingettes biodégradables qui bouchent les canalisations

Les lingettes biodégradables génèrent un autre maux que les sacs plastiques, mais qui est tout aussi problématique. Etant estampillées biodégradables, elles sont fréquemment jetées par leurs utilisateurs dans la cuvette des toilettes. Or comme l'immense majorité des produits ainsi estampillés, elles ne le sont pas entièrement puisqu'elles forment de longs filaments qui participent à boucher les canalisations et les pompes des stations d'épuration. Ceci entraîne de coûteuses interventions de maintenance qui se répercutent sur la facture des usagés.

De plus, en période de forte pluie, elles accentuent les risques de débordement et d'inondation. Pour toutes ces raisons, les professionnels du retraitement de l'eau communiquent beaucoup sur les problèmes que génèrent les lingettes biodégradables en soulignant qu'elles sont " écologiques " à condition d'être jetées... à la poubelle.


Les agrocarburants et leurs nombreux maux

Les agrocarburants qui sont mélangés à de l'essence sans plomb pour former le E10, ou au gazole pour former le biodiesel sont souvent présentés comme écologique alors qu'ils présentent plusieurs faiblesses. Ces dernières ont été détaillés par Olivier De Schutter, le Rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation, qui recommandait fin 2012 à l'Europe et à l'Amérique du nord l'abandon pur et simple de ces agrocarburants : "L’Europe doit faire mieux que réviser à la baisse ses objectifs d'incorporation des agrocarburants comme elle s'apprête à le faire: elle doit avoir le courage politique de les abandonner et les États-Unis devraient faire de même".

Le Rapporteur spécial poursuivit en précisant les raisons de son avertissement " Il est dangereux dans une situation où les stocks mondiaux de céréales sont aussi bas de fixer des objectifs aussi inatteignables. " Le principal reproche fait aux agrocarburants est d'accaparer des surfaces agricoles qui pourraient être utilisées pour l'agriculture classique. Cet état de fait provoque indirectement l'augmentation des prix alimentaires, en même temps qu'il accentue la déforestation.

Le deuxième reproche qu'on leur fait est celui de pousser à la consommation d'insecticides. En effet, l'absence de norme régulant la quantité de pesticide maximale présente dans la production finale, comme c'est le cas des produits alimentaires, n'inciterait pas les agriculteurs à réduire les quantités de phytosanitaires utilisés. Les derniers reproches fait aux agrocarburants sont de produire autant de gaz à effet de serre que les carburants classiques, mais aussi de concurrencer la filière des biocarburants, qui sont eux produits à partir de déchets organiques animaux ou végétaux. Une matière première disponible, qui ne demande qu'à être utilisée.


J Michaux

Journaliste spécialisé environnement

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