Une femme qui écrit de l'espionnage ?

Elles sont très rares à s'y essayer.

Le roman d'espionnage est l'apanage des romanciers, dont les grands noms se sont accumulés, installés au fil des années, et dont le poids a sans doute fini par décourager leurs homologues féminines, qui n'ont pas cherché à se faire une place dans ce genre si particulier où la testostérone constitue l'essence même de l'intrigue.

Mais voilà que ce genre oublié refait surface.

Après un long moment de mise en suspens, sous l'impulsion de notre actualité, il est de retour, avec beaucoup de choses à dire, beaucoup de sujets à aborder, amplement alimenté par une société aux travers déviants et aux rouages grinçants, à la température échauffée et aux multiples facteurs de tension.

Une seconde chance est offerte aux auteures d'acquérir leurs lettres de noblesse en apportant un souffle nouveau à cette littérature un peu trop formatée.

Que peuvent bien apporter les femmes à ce genre si codé, ancré dans la masculinité ?

De la profondeur.

Je vous en parle en connaissance de cause, puisque j'ai décidé il y a deux ans, de m'essayer à l'exercice. On m'avait alors taxée de "tête brûlée", me poussant par la même encore plus en avant.

Écrire de l'espionnage quand on est une femme, c'est d'abord, malgré tout et quoi qu'on en pense, aimer "l'action". Il faut se sentir capable de narrer des combats, des conflits, des manipulations, c'est vrai. Il faut savoir choisir des armes et maîtriser un peu les techniques de renseignements, c'est incontournable.

Mais au-delà de ces "impératifs" pour respecter le genre, c'est avant tout de psychologie et d'envergure qu'il s'agit. Des hommes d'action à la personnalité travaillée, enrichissent considérablement l'intrigue et décuplent l'attachement du lecteur. Des "méchants" à la mentalité complexe, prennent une tout autre dimension. Et plus que tout, tenir un propos bien précis et utiliser le vecteur de l'émotion, insuffle au genre une couleur inédite et le propulse dans de nouvelles sphères.

Les femmes sont souvent très à l'aise avec ces aspects de l'écriture. Et injecter leur Yin dans une histoire de Yang... c'est franchement innovant ! ;)

J'ai adoré lire Ludlum ou Clancy. Mais en tant que femme, je me sentais toujours indésirable. J'avais l'impression que cette littérature ne se destinait pas à moi. Et cela me décevait...

J'ai fini par écrire ma propre version du genre et j'avoue que, être comparée aujourd'hui à Ian Fleming, me laisse à penser que oui, nous les femmes, sommes capables de rivaliser,  et de proposer un élargissement de l'éventail !

Il ne nous reste plus qu'à cultiver l'essai, pour qu'il devienne une norme  ! ;)

http://stephanie-aten.e-monsite.com/pages/roman-la-3e-guerre/page.html





Stéphanie Aten

Scénariste et romancière engagée, parce qu'être auteur, c'est alimenter l'inconscient collectif et participer à l'élaboration de la société.

Rejoignez Skōp, c'est gratuit!

Le magazine collaboratif qui vous paye pour écrire, voter & partager.

  • Aucune publicité pour les donateurs
  • Auteurs rémunérés par les dons des lecteurs
  • Contenu exclusif et personnalisé
  • Publication facile de tous vos écrits