Supergirl, la série

Je viens de commencer à regarder la toute nouvelle série "Supergirl". Toute nouvelle est relatif, étant donné que je ne commence plus à regarder de séries avant qu'au moins une saison soit achevée... je me demande d'où ça vient ? Peut-être des années 80 où on nous diffusait des séries à dose homéopathique, un épisode par semaine et rien pendant les vacances d'été, sur les 3 chaînes alors disponibles ? Sans doute. Mais revenons à nos kryptoniens. Je suis totalement emballé par cette nouvelle série. Et pourtant on en a vu des séries mettant en scène des super-héros ! Si on reste dans l'univers de Superman, je me souviens de l'exécrable "Smallville" où on peut assister pendant je ne sais combien de saisons (j'ai perdu le compte) à la découverte et à la maitrise de ses pouvoirs par un Clark Kent un peu neuneu -- n'ayons pas peur des mots. Son temps de réaction ne s'améliore pas avec le temps, il commet bourde sur bourde, son "identité secrète" n'a de cesse d'être dévoilée à de plus en plus de personnages. Sans parler de ses histoires de coeur, dont la trame se répète inlassablement d'épisode en épisode. Le seul moment où il est vaguement intéressant, c'est lorsqu'il est mis en contact avec de la kryptonite rouge qui a au moins la bonne propriété de le décomplexer un peu. Oh la la, je ne vais pas entrer dans ces histoires de kryptonite de toutes les couleurs qui ont chacune des propriétés différentes, il y aurait trop à dire !

Pour en revenir à "Supergirl", je trouve que la série renouvelle le genre avec brio. Pour commencer, on ne passe pas 5 saisons à voir Kara arriver sur Terre puis s'adapter progressivement à sa nouvelle planète. Non, tous ces aspects sont balayés dans les quinze premières secondes de l'intro du premier épisode, ça décoiffe un peu. C'est radical, mais efficace: on peut s'intéresser à d'autres aspects de l'histoire. Je ne suis pas arrivé encore très loin dans l'intrigue (épisode 6 à l'heure où ces lignes sont écrites) mais je peux déjà constater que les scénaristes se sont attachés à développer une approche différente du super-héros: son intégration dans la société humaine et les difficultés rencontrées au quotidien. En effet, Supergirl a beau pouvoir dépasser le mur du son, elle se retrouve dans des situations où elle a tellement de choses à gérer qu'elle doit établir des priorités. C'est d'ailleurs une des clefs du scénario: les "méchants" sont conscients de cet aspect des choses et se servent des choix effectués par la jeune kryptonienne pour la profiler. D'autre part, malgré sa supériorité physique indéniable, elle doit respecter les lois, les codes sociaux, faire preuve de patience, etc. Une autre question mise en avant est: que se passerait-il si elle perdait le contrôle d'elle-même ? Autant de points qui ne sont pas classiquement abordés dans les comics, les séries ou les films du genre.

On retrouve également les codes de l'univers de Superman, et ça rassure: Clark est présent, même s'il n'est jamais montré physiquement: il interagit via les réseaux sociaux (et c'est tant mieux !). On retrouve James Olsen, la famille Lang, y compris le papa militaire totalement mesquin et manipulateur. Et surtout, cette nouvelle Supergirl apporte une sorte de fraicheur à cet univers aux chemins un peu battus: elle est capable de faire ses propres choix, elle ne se laisse pas embarquer par les différents camps qui aimeraient bien l'utiliser à de basses fins.

Tout n'est cependant pas parfait dans cette nouvelle série: à mon sens, l'action est trop marquée par cette tendance moderne voulant qu'un épisode doive absolument être autosuffisant: on y aborde un thème donné (sur lequel on ne reviendra pas ou très peu), on traite pour toujours un problème émotionnel ou affectif, on bat un méchant. Et point barre. A la limite, il faut également une sorte de fil rouge qui fait le lien entre les épisodes, mais mis à part ça, on pourrait presque regarder les épisodes dans le désordre complet. Je comprends bien que les moyens de production des séries TV ont tellement évolué que les scénaristes doivent maintenant s'adapter quasiment en temps réel à la présence (ou à l'absence) de financement pour le prochain épisode, tout en maintenant un niveau d'audience élevé et en tenant compte des remarques des spectateurs, ce qui influence complètement l'évolution de l'histoire. D'où l'impossibilité de planifier l'évolution du scénario à l'échelle d'une saison complète. Si on exclut cette tendance irrépressible des séries écrites, réalisées et consommées à flux tendu, j'apprécie énormément cette nouvelle production. Tout ce que je peux espérer pour la suite, c'est que l'histoire ne s'enlise pas dans des rebondissements à tiroirs, avec des contradictions à la clef et toute la confusion qui va avec, comme dans tant d'autres séries récentes (Arrow, Gotham, The Flash, Person of Interest, Revenge, pour n'en citer que quelques-unes).

Vincent Eymet

Ancien chercheur en énergétique / transfert radiatif (climatologie, astrophysique, aéronautique). Maintenant directeur de la recherche chez Méso-Star (meso-star.com)

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