Se faire publier : pourquoi il faut privilégier les petites maisons d'édition

Vous avez accouché de votre œuvre et vous êtes soulagé. L'expérience a été longue, épuisante et douloureuse, mais vous voilà parent d'un magnifique bébé (ils le sont tous.). Commence à présent le périple suivant... tout le reste.

Écrire un livre est une chose, lui trouver une nounou en est une autre. Tous les auteurs souhaitant être publiés, doivent trouver un éditeur prêt à accueillir leur création pour qu'elle fasse son entrée dans le monde. Quand on s'appelle Musso, on se fait courtiser. Toutes les nounous veulent s'occuper de votre nouveau-né. Quand on s'appelle "Autrement", la situation est inverse.

Or, là où nous pensons que les grandes crèches bien équipées sont la garantie d'un avenir meilleur, les nounous de plus petite envergure nous démontrent que nous avons tout intérêt, au contraire, à nous adresser à elles. Je vais vous expliquer pourquoi en prenant mes éditeurs pour exemple, justement parce qu'ils sont... exemplaires.


L'accueil de l’œuvre

Lorsque vous envoyez votre livre dans les grandes maisons d'édition, gardez bien à l'esprit que vous ne serez pas lu. En tout cas, pas comme vous le voudriez. La visite médicale de votre bébé est confiée à des aides-soignants qui vont lire une page par-ci, deux pages par-là, mettre des croix dans un QCM, et passer au candidat suivant. D'ailleurs, de leur propre aveu, les grands éditeurs savent qu'ils ratent souvent des œuvres valables, par manque de temps et de moyens. Lorsque votre roman déboule chez eux, il a tout du diamant livré au milieu d'une tonne de graviers : il a beau exister, il se peut qu'on ne s'en aperçoive jamais.

A contrario, dans une petite maison d'édition, le mode de lecture est différent. Chez les Éditions Hélène Jacob, par exemple, on commence par une première approche en diagonale, juste pour vérifier une chose : vous vous dites auteur, l'êtes-vous vraiment ? Votre roman est-il bardé de fautes de français, de fautes d'orthographe, sa présentation est-elle soignée ?... En clair : respectez-vous votre propre travail ? Si ce premier balayage est encourageant, plusieurs personnes se mettent alors à vous lire vraiment, intégralement et sérieusement. Et même si vous êtes refusé, au moins, vous aurez droit à un verdict circonstancié, ce qui constitue le début du progrès.


Le respect de l’œuvre

Dans les crèches de renom, une règle prévaut : c'est la nounou qui commande. Vous êtes dépossédé de votre autorité parentale. On peut vous imposer des coupes entières de votre texte, vous demander des modifications profondes, vous contraindre même à changer la fin de votre histoire... Il faut entrer dans le moule pour avoir le droit de faire partie de la famille.

Les Éditions Hélène Jacob, tout comme nombre de leurs semblables, ne réagissent pas comme cela vis-à-vis des bébés qu'elles acceptent. Elles sont entières. Si le livre leur plaît, hormis les corrections d'usage qui rendront votre texte irréprochable, elles ne chercheront pas à le changer. Elles le prendront tel qu'il est, avec son style et sa personnalité, parce que leur avis personnel ne peut préjuger de celui de tous les futurs lecteurs. Tant que le texte est de qualité, pourquoi le transformer ?

Par ailleurs, cerise sur le gâteau, un petit éditeur vous fait participer à l'élaboration de votre couverture. Vous avez un droit de regard sur « l'habillage » de votre bébé, là où les grosses maisons d'édition lui collent un uniforme sans objection possible.


L'investissement sur l’œuvre

C'est le dernier point, et c'est sans doute le plus important.

Vous ne vous appelez pas Musso, c'est acquis. Vous n'êtes donc pas « bankable ». Le terme est judicieux, car à l'instar des banques, les gros éditeurs ne misent que sur les valeurs sûres. 90% de leur budget communication sont centrés sur 10% de leur catalogue, et vous vous doutez bien que vous n'en ferez pas partie. Oubliez les mises en valeur dans les vitrines, ou les interviews à répétition auprès de la presse : il n'y en aura pas. Vous êtes là pour meubler le catalogue qui doit s'étoffer, et aucun effort ne sera déployé pour vous vendre. Vous faites partie du décor, rien de plus.

Dans les petites structures, le système n'a rien à voir : tous les enfants mangent à la même table, et de façon équitable. Le budget est réparti sur l'ensemble des livres, à l'identique, pour que tout le monde ait sa chance. La mise est globale. A votre bébé de faire son travail... et à vous de vous montrer présent. Eh oui ! Tout comme on ne confie pas l'intégralité de l'éducation de son enfant à une nounou, on n'arrête pas d'être l'auteur d'un livre une fois qu'il est en crèche !

C'est d'ailleurs ici que s'arrête la comparaison entre grosses et petites structures, car de toute façon, quelle que soit celle dans laquelle vous aurez trouvé une place, tant que vous vous appellerez "Autrement", vous devrez vous investir à fond dans l'épanouissement de votre enfant. C'est incontournable.


En résumé : les petits éditeurs disposent certes de moyens logistiques et financiers inférieurs aux grosses maisons d'édition (quoique, avec la montée en puissance du numérique, l'étau se resserre ), mais de toute façon, les grands moyens espérés, vous ne pourriez pas en bénéficier ! Alors quitte à choisir entre Nounous de stars, et Nounous sincères, autant faire équipe avec quelqu'un qui mise vraiment sur vous, non ?

A vos claviers, et gardez le sourire. La vie n'est qu'une scène sur laquelle on improvise.


Stéphanie Aten

Scénariste et romancière engagée, parce qu'être auteur, c'est alimenter l'inconscient collectif et participer à l'élaboration de la société.

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