Pourquoi tomber en admiration devant Jonas Salk, l'inventeur du vaccin contre la polio ?

Le 4 juillet dernier, Édouard Philippe annonçait vouloir rendre obligatoire 11 vaccins d'ici 2018. Une parfaite occasion de rappeler à nos mémoires le Dr. Jonas Salk, son vaccin contre la polio mais aussi, et surtout, sa pensée et un système de valeurs devenu trop rare. 

Né de parents immigrants russes en 1914 à New-York, Jonas Edward Salk est un biologiste américain connu et reconnu pour avoir inventé le premier vaccin efficace contre la poliomyélite.

Maladie vicieuse, véritable cauchemar car elle touche majoritairement les enfants en bas âge, la polio est un virus qui s'attaque à la moelle épinière, entraînant ainsi une paralysie des membres inférieurs mais aussi un blocage des voies respiratoires engageant le pronostic vital des personnes atteintes. 

Si il est toujours difficile de chiffrer les ravages des épidémies avant la fin du XIXème siècle, on sait que la polio a tué des centaines de millions de personnes entre 1880 et la moitié du XXème siècle. Sans pitié, le virus touchait les riches comme les pauvres, les habitants des villes comme ceux des zones rurales et les pays industrialisés comme les pays en voie de développement. Rien qu'aux États-Unis, on recensait 16.000 cas de polio paralysante par an avant l'arrivée du vaccin, en 1955. 

C'est cette année là qu'entre en scène le Dr. Jonas Salk.

Après 6 ans de recherches acharnées dans son laboratoire de l'Université de Pittsburgh, avec des méthodes souvent critiquées par ses confrères, Jonas Salk réalise ce qui reste aujourd'hui le plus grand essai clinique jamais réalisé aux États-Unis. Des enfants venus de toutes les classes sociales avaient été des milliers à se porter volontaire pour aider à combattre le virus. Le 12 avril 1955, Jonas Salk annonce avoir trouvé un vaccin efficace contre la poliomyélite. Le docteur devient alors héros et fait les gros titres de la presse américaine. 

Pourquoi tomber en admiration devant Jonas Salk, l'inventeur du vaccin contre la polio ?

Cerise sur la gâteau, Jonas Salk annonce qu'il ne déposera pas de brevet sur son invention, afin qu'un maximum de personnes puissent y avoir accès. Et c'est précisément à ce moment là qu'il faut tomber en admiration ! 

Quand on connaît les milliards engendrés par l'industrie des vaccins, il est dans l'ordre de se demander qui aurait eu la même réaction aujourd'hui ?  Sûrement pas le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer qui s'est battu en 2015 contre l'association Médecins Sans Frontières pour conserver son brevet déposé sur un vaccin contre le pneumocoque (PCV13) plus connu sous le nom de pneumonie, première cause de mortalité infantile avec un enfant tué toutes les 35 secondes en 2014. 

Profondément attaché à rendre service à l'humanité, Jonas Salk s'est par la suite employé à chercher un vaccin contre une autre maladie infectieuse : le SIDA, avant de mourir en 1995 à l'âge de 80 ans. Si sa façon de penser et son système de valeurs semblent être partis avec lui, le docteur a laissé un héritage captivant avec le livre A New Reality : Human Values and World Population.

Commandé dans les années 70's par l'UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population), cette oeuvre humaniste a d'abord été laissée de côté par Jonas Salk, avant que son fils, Jonathan, ne vienne l'aider à finir le manuscrit en 1981. Le livre pose alors une réflexion philosophique et scientifique sur nos changements de valeurs. Au cours de sa vie, le docteur a vu la course effrénée à la croissance économique, les excès vis-à-vis de l'exploitation de nos ressources et la réflexion à court terme supplanter les valeurs de coopération entre les peuples et d'équilibre avec la nature. 

Pourquoi tomber en admiration devant Jonas Salk, l'inventeur du vaccin contre la polio ?
Extrait de A New Reality: Human Values and World Population

En portant un message de prudence, mais aussi d'espoir, A New Reality : Human Values and World Population cherche à penser un nouveau paradigme, reposant sur un système de valeurs au service de tous. 

Aujourd'hui psychiatre dans l'ouest de Los Angeles, Jonathan Salk réédite son oeuvre en version design et picturale. Le projet a déjà récolté 850 contributeurs sur la plateforme de financement participatif kickstarter

Plus qu'un livre qu'il faut lire, et qu'un vaccin qu'il faut faire, il est dans l'intérêt public de se souvenir de l'homme derrière l'oeuvre, et de sa générosité. 

L.A.


 

Lucas Aubry

Etudiant en communication avec pour ambition de faire de l'écriture son métier /    Utilise Skõp comme une source de culture mais aussi comme un terrain d'entraînement à la rédaction d'articles / Si intéressé par mon profil, possibilité de me contacter par Facebook ; LinkedIn ; et par mail : lucas.aubry@gmail.com

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