Statistiques des programmes TV

Rit-on moins qu'avant ?

J'ai lu ou entendu dire que l'on rit moins qu'autrefois. C'est possible.

Rire, on en a pourtant bien besoin, surtout à notre époque...

Les films de Louis de Funès et ceux des Charlots, ainsi que les pitreries de l'inimitable Mister Bean, voila une excellente thérapie pour retrouver la bonne humeur.

Il arrive d'entendre parfois qu'il y a trop de drames parmi les films diffusés, et beaucoup trop de séries policières dans la lucarne... Plutôt moi-même d'accord a priori à ce sujet, j'ai voulu examiner cela de plus près au moyen des statistiques.

Pour vérifier cela, il faut quantifier quel est l'impact actuel de la télévision, notamment en ce qui concerne le registre : comédie ou drame.

L'examen de la semaine de 7 au 13 mai 2016 permet de révéler les tendances sur les différents programmes diffusés à la TV entre 21 h et environ 22h 30 sur les chaînes principales de la TNT : TF1, France 2, France 3, M6, France 5, Arte, Canal +, Direct 8, W9, TMC, NT1 et NRJ12.

Un premier aperçu

La semaine de 7 jours (du samedi au vendredi suivant), avec 12 chaînes TV, se subdivise en 84 programmes distincts, pour le créneau horaire situé entre 21 heures et 22h30.

  • 10,7% des programmes sont des divertissements.
  • 21,4% sont des magazines.
  • 2,4% pour le sport.
  • 0% d'émissions consacrées aux sciences.
  • 28,6% des programmes sont des séries, dont 1 série d'espionnage, 1 dessin animé (Les Simpsons), 1 série médicale, et 1 série comique, mais aussi pas moins de 14 séries policières ! Les séries policières sont 14 fois plus nombreuses que les séries comiques...
  • 8,3% des programmes sont des documentaires, dont 1 docu-fiction parmi 7 documentaires.
  • 23,8% des programmes sont consacrés aux films. Parmi 20 films hebdomadaires observés, il existe 6 drames pour une seule comédie. On va approfondir ce constat. Parmi les 20 films diffusés, il y a 30% d'entre eux qui sont des drames.
  • 1,2% sont des téléfilms. En fait un seul téléfilm dans la semaine.
  • 1,2% sont des jeux. En fait un seul jeu TV dans la semaine.


Des séries policières surreprésentées

En moyenne, il y a environ 52% des séries TV qui sont des séries policières.

Or, dans la semaine du 7 au 13 mai 2016, il y a 14 séries policières contre une seule série comique (soit 15 séries au total en additionnant les deux registres). Les séries policières sont significativement surreprésentées à la TV par rapport aux séries humoristiques. En effet, la normale indique 7,8 séries policières (sur 15) plus ou moins 1,93, or on observe z = 14, tandis que le seuil de significativité statistique est x = 11,58. Les séries policières sont significativement (statistiquement) prédominantes.

La programmation majoritaire de séries policières à la TV, qui sont surreprésentées par rapport au nombre de séries comiques, n'est donc pas un hasard. Cela a été voulu délibérément.

Des séries policières jusqu'à saturation, c'est un fait. Pour saper le moral des téléspectateurs ? Ou parce que les séries policières sont les plus populaires ? Ou pour entretenir volontairement un sentiment permanent d'insécurité dans la tête des gens ? On ne le sait pas. Mais on sait que ça a été voulu.


Des drames plutôt que des comédies

En ce qui concerne la diffusion de films sur une semaine, il est intéressant de constater que pour un seul film d'humour, il y a 6 films dont le registre est le drame.

En moyenne, on rencontre normalement près de 54 films dramatiques pour 48 films pour un total de 100, à titre de comparaison.

Or, la TV diffuse en une semaine une proportion de 6 films dramatiques pour un total de 7 films parmi les registres du drames et celui de l'humour). La normale indique 3,78 drames plus ou moins 1,32, pour un ensemble de 7 films. Pour que la valeur soit significative, il faut plus de z = 6,37 drames (sur 15 films) pour déclarer que ce n'est pas un hasard. Mais on observe 6 drames, ce n'est pas statistiquement significatif, mais c'est néanmoins proche du seuil critique. La plus forte probabilité qu'on aurait observé aurait été 4 drames contre 3 comédies. On observe concrètement 6 drames contre 1 comédie, ce qui est déjà moins probable, mais pas encore significatif. On dit qu'un résultat est significatif quand il a moins de 5% (parfois moins de 1%) de chance de se réaliser au hasard.

Le zapping

La TV est devenu quotidiennement un défouloir à zapping. Pour chaque zapping intercalé entre deux images, on voit chaque séquence brève d'une scène, quand on est à la recherche d'un film meilleur : on voit tour à tour, d'une chaîne à l'autre, un cadavre qui git ensanglanté au sol, puis les yeux fous d'un tueur en série, puis une scène de viol, un suicide par arme à feu, puis un braquage qui tourne mal avec des tirs échangés entre les gangsters et les flics.

Le paysage audiovisuel, en soirée, souvent n'est pas très gai.

Après une journée de labeur, on a plutôt envie de se détendre en regardant quelque chose de positif, de drôle. Des drames, des flics, des criminels, et des dealers, c'est vraiment déprimant, on ne voit que cela à la TV jusqu'à la nausée.

Ils vont finir par nous désensibiliser complètement de l'ultraviolence télévisuelle, devenue si banale...



Philip Tchelovek

Blogueur scientifique. Présent sur Skõp depuis le 19/03/2016. Articles sous copyright, mais vous pouvez partager les URL librement.

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